Ce printemps nous allons être appelés à dire oui ou
non à un projet de traité instituant une constitution européenne… !
La plupart d’entre nous seront bien perplexes :
Qu’est-ce que c’est que ce machin ? En quoi suis-je
concerné ? Participer à ce vote est-il réellement utile et n’ai-je
pas d’autres soucis ? D’autres se diront que mieux vaut l’Union
Européenne qui évite d’avoir encore des guerres entre pays européens
et, comme les médias nous matraqueront jour et nuit pour nous dire que si
on vote non ça fichera tout en l’air, alors le Français seront tentés
de voter oui… Mais, de toute façon, personne ou presque n’aura lu ce
qu’on nous demande d’approuver et, encore moins fait la comparaison
avec les textes actuels.
Tout ceci est bien plus important que ce que la
majorité des citoyens ne l’imaginent parce que rien ne concerne plus
notre vie quotidienne que l’Union Européenne ; de l’emploi aux
retraites en passant par l’environnement, les services publics et leur
démantèlement, les privatisations, etc, avec des conséquences aujourd’hui
très négatives pour une grande majorité d’entre nous, du fait du
consensus ultra-libéral des gouvernements européens.
Et, pourtant, nous ne pouvons certainement espérer
aucun progrès si nous ne trouvons pas les moyens de construire une Europe
des peuples, démocratique, sociale et pacifique.
Alors, comment marche l’Europe actuellement ? Qu’apporte
la nouvelle constitution ? En quoi tout cela concerne nos vies de
très près ?
Synthèse du rapport
Toute la discussion a eu lieu au fur et à mesure de la présentation
d'un diaporama Power Point qui traite successivement des institutions
européennes, des textes européens et des compétences de l'Union puis du
traité constitutionnel. Ce diaporama est disponible au FSI ainsi qu’un
autre document qui présente et commente le projet de traité
constitutionnel et les pouvoirs du Parlement.
Les points principaux qui ont fait débat ont été les
suivants :
Pouvoirs réels du Parlement européen
La discussion a permis de mieux préciser pour les
participants la réalité et les limites des pouvoirs du Parlement par
rapport à la Commission, au Conseil des ministres et au Conseil européen
: Le Parlement a le pouvoir de renverser en bloc la Commission et, sur
certaines questions, le pouvoir de bloquer les initiatives législatives
de la Commission ou de refuser le budget. Mais il n'a jamais l'initiative
des textes qui appartient exclusivement à la Commission. Sur le cœur de
l'activité de l'Union, il a un rôle purement consultatif. Sur certaines
questions enfin, il n'est qu'informé. La Constitution ne fait qu'étendre
un peu la liste des questions sur lesquelles le parlement peut
bloquer.
Indépendance de la Banque centrale
Avec comme seule mission la lutte contre l'inflation, la
Banque centrale européenne (BCE)est totalement indépendante de toute
institution politique et des gouvernements des pays membres de l'Union et
le projet de Constitution réaffirme ce principe. Le débat a permis de
mettre en valeur que ce principe n'était appliqué nulle part ailleurs
dans le monde parce qu'il interdit toute politique monétaire non
inspirée par le seul point de vue des financiers ; en particulier il
interdit l’utilisation des taux d’intérêt pour mettre en œuvre des
politiques de relance économique.
L’importance de ces questions par rapport à notre vie
quotidienne
La façon dont fonctionne l’Union et les orientations
qu’elle suit ont une importance considérable dans notre vie quotidienne
puisque 80% des lois votées par les parlements nationaux, qu’on
présente à l’opinion comme résultant de débats strictement
nationaux, ne sont que des transcriptions en droit national de décisions
prises au niveau européen.
Des exemples frappants ont été fournis au cours de la
discussion : l’allongement de 5 ans de la durée de travail pour avoir
une retraite pleine et toute la politique sur les retraites, la nouvelle
politique de l’immigration, la politique de l’emploi, etc
Au cours d’une assez longue discussion, il est apparu
que ce qui était choquant dans tout ça ce n’était pas que les
gouvernements européens se concertent avant de faire quelque chose et
cherchent à avoir des politiques les plus cohérentes possible entre
elles mais qu’ils le fassent de cette façon secrète, dans un
fonctionnement non démocratique, ouvert quasiment aux seuls grands
lobbies patronaux, avec la large complicité des médias
La discussion a aussi mis en valeur que c’était nos
gouvernements qui étaient responsables de tout cela ; qu’il n’y avait
pas une Europe et une Commission qui leur imposaient quoi que ce soit ;
une sorte de technocratie économique qui exercerait sa dictature sur les
politiques… Non, on a bien affaire à une construction très politique
menée par nos gouvernements de façon très réfléchie. Le malheur c’est
que cette construction se fait dans le mensonge permanent et le viol des
principes élémentaires de la démocratie et, évidemment, pour des
alter-mondialistes, qu’elle est dans le droit fil de la mondialisation
néo-libérale.
Le projet de traité constitutionnel
Quelques aspects essentiels de ce texte ont été mis en
valeur dans sa présentation :
C’est un texte très long, qui ne peut être révisé
qu’à l’unanimité des signataires (ce qui est normal pour un traité
intergouvernemental) et qui décrit dans le détail, dans son titre III,
la façon de mettre en œuvre une politique particulière qui est la
politique néo-libérale. Il pose comme principe fondamental,
conditionnant tous les autres, l’établissement d’un «marché unique
où la concurrence est libre et non faussée ».
Pourtant, il est qualifié de Constitution ayant vocation
à être entérinée par les peuples d’Europe et acquérant ainsi une
légitimité indiscutable et définitive.
Or une constitution est un texte court qui ne contient
que des principes généraux et la description du fonctionnement général
des institutions et qui, en aucun cas, ne traite de politique
particulière puisqu’en démocratie, par définition, celle ci doit
être, à tout moment, modifiable par la volonté populaire s’exprimant
par les élections. Par ailleurs une constitution doit être révisable
par des majorités qualifiées d’Assemblées élues.
Dans son contenu, il n’apporte que des modifications
techniques assez mineures au fonctionnement actuel de l’Union
Européenne.
Etant donnée ce qu'est ce projet de traité
constitutionnel, la plupart des participants ont exprimé leur refus de ce
texte. Toutefois des positions favorables se sont exprimées donnant comme
argument que la constitution constituait un petit mieux par rapport à la
situation actuelle et qu’un « non » n’ouvrirait aucune perspective
positive.
Propositions émises au cours de l’atelier
L’atelier a été informé des revendications ou
demandes qui se situent au niveau européen émises dans d’autres
ateliers ; à savoir :
 |
Harmonisation sociale et fiscale au niveau
européen pour lutter contre les délocalisations
|
 |
Une citoyenneté liée à la résidence et non à
la nationalité
|
 |
Participer au co-développement et aider les pays
pauvres à ne pas céder aux diktats du FMI
|
 |
Coordonner les actions entre établissements
publics au niveau européen pour la défense des services publics
|
Au sein de l’atelier Europe, les propositions
suivantes ont été émises :
 |
Création d’un comité local pour le « non » au
projet de constitution européenne
|
 |
Mobilisation pour la manifestation du 19 mars
à Bruxelles
|
 |
Poursuite du débat engagé dans l’atelier
à partir de préoccupations concrètes sur la santé, le chômage,
les services publics, etc et mutualiser le travail fait avec le
diaporama ; Mettre celui ci sur le site web du FSI.
|
|